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Collab #2 Slip de Bain

Pour sa deuxième collaboration, le collectif a choisi de s'associer à Slip de Bain.

 

C'est un illustrateur, pas un artiste et il y tient. Il fait des beaux dessins, il est humble et on a passé un bon moment à discuter avec lui fin Mai à Rennes en terrasse.

 

Vous pouvez lire l'interview ci-dessous.

Peux-tu te présenter ?

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Je m'appelle Renan Vigneron, je suis étudiant en licence pro design graphique à Rennes 2 puis l'année prochaine je vais aller aux Beaux-Arts, en troisième année en com', à Rennes aussi et ça fait plaisir. (rires)

Je fais une formation qui est axée vers le design graphique mais moi j'ai plus envie d'aller vers tout ce qui est illustration donc ça peut être affiches, pochettes de CD ou illustrations pour des événements, des livres, des magazines...

J'ai deux univers, un peu différents, un qui se rapproche de ce qui est plus enfant, donc un peu rigolo on va dire et un qui est un peu plus sérieux avec surtout des illustrations sur la femme. La collab avec Grand Écart ça porte essentiellement sur cet univers là, l'univers de la femme.

 

Avant de faire ta licence pro, tu avais fait quoi ?

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J'avais fait un bac arts appliqués à Rennes et après j'ai été pris dans une école privée, l'IFFDEC. J'ai réussi à rebondir un peu plus en allant en licence pro. Je voulais faire aussi une formation à Paris, à Estienne, en illustration scientifique. Depuis le début j'avais envie d'avoir un côté droit et sérieux, très scientifique. Dans les illustrations que je fais, j'essaye d'avoir ce côté là, qui essaye d'être le plus proche du réel.

 

Plus académique ?

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Oui, c'est ça. Ça passe par des poses, des attitudes ou décors qui passent derrière.

 

Quelles sont tes autres sources d'inspirations ?

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Je lis pas mal de BD, avant je lisais pas mal de comics maintenant c'est plus tout ce qui est romans graphiques. J'ai surtout une très forte inspiration qui vient de l'art plus classique, qu'on retrouve au musée des Beaux-Arts, des peintures hyper réelles du XVIIe ou XVIIIe siècles et l'art grec aussi, sculpture j'aime beaucoup.

 

Est-ce qu'il y a un peintre ou un sculpteur que tu aimes en particulier ?

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Un peintre non, c'est assez large, mais si il y a un sculpteur c'est peut-être plus Rodin. Au début, j'aimais tout ce qui était un peu laid, ou du moins tout ce qu'on ne représente pas dans les peintures ou les sculptures. Rodin il a commencé par représenter des vieilles femmes ou des malades. Par exemple il y a la sculpture l'homme au nez cassé, tu vois cet homme au nez complètement de travers. Au fur et à mesure qu'il avance dans sa vie, il fait des sculptures mieux faites en terme de modèles, avec des femmes qui sont plus jeunes et plus belles. C'est ça que j'aime bien et peut-être qu'un jour je ferais plus quelque chose qui se rapproche du cassé ou du sale si j'ose dire...

En terme d'inspiration, sinon c'est des illustrateurs que je suis. Je regarde un peu tout, j'aime bien quand c'est assez propre et assez droit.

 

 

Quels sont tes projets en ce moment ?

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Là j'ai fait une commande pour un groupe d'étudiants en journalisme à Lannion, ils ont fait un site web qui parle de la mort des gens – pas le thème le plus gai – par exemple qu'est-ce qu'il se passe quand un SDF meurt ? qu'est-ce que son corps devient ? où il est enterré ? ou comment ça se passe quand tu es quelqu'un de très riche et que tu as les moyens de te payer une sépulture... C'est des petits reportages et j'ai fait des illustrations des personnages. Je devais dessiner leur vie, leur accident et comment ça se passe après.

 

Est-ce que ça devenait de l'animation après ?

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Non, ça restait des illustrations.

 

Ça ne t'as jamais tenté ?

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L'animation ? En fait, là je suis en stage à Saint Malo et ils m'ont demandé de faire un GIF un jour. Ils ont trop adoré du coup maintenant je suis obligé de faire que des GIFs (rires) mais ça me dérange pas j'aime beaucoup faire de l'illustration donc je fais ça image par image, en mode vieux dessins-animés. Moi je préfères, ça donne un effet plus réel qu'avec l'animation que tu fais sur After Effects. Je fais tout sur Photoshop, c'est hyper long et j'exporte direct en GIF, je suis un bricoleur quoi ! J'aime bien faire ça. C'est des petits GIFs de dix secondes mais ça me prend un jour et demi pour en faire un donc j'y passe un peu de temps quand même.

Sinon, en terme de projet, je fais un jeu de rôles avec un copain qui est auteur. Il a créé son propre jeu de rôles et du coup il m'a demandé d'illustrer le manuel. Tout l'univers du jeu est décrit dans un seul bouquin avec les villes, les différentes classes sociales, quelques personnages. C'est un jeu qui se rapporte au réel, assez noir, qui se rapproche aussi des écrits de Lovecraft, un truc un peu fantastique... Tout est dessiné en noir et blanc.

 

Et en projet personnel pour Rennes 2 ?

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Je fais une série de livres sur les mythes grecs. J'avais un vieux bouquin qui appartenait à ma mère avec des illustrations qui étaient vraiment très belles. Il reprenait des mythes grecs expliqués de manière assez simple, pour que les enfants comme les adultes le comprennent, qui ne s'attarde pas dans les détails. Je me suis basé sur ce livre, je prends les écrits, quelques phrases et des mots qui m'intéressent et j'en fait une collection de livres. Je fais une édition pour un mythe, ça fait 5 à 10 illustrations. Je me concentre là-dessus, un peu de rose et bleu comme je fais d'habitude, surtout du noir et blanc...sur la page de droite il y aura l'illustration et sur la page de gauche un texte ou une petite phrase... Tout ça pour avoir une collection de livres qui portent sur la mythologie grecque.

 

Tu nous as dit que t'étais un bricoleur, est-ce que tu te vois artiste ?

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Pas vraiment. Je dessine mais c'est pas pour autant que je fais de l'art. Je trouve que le statut d'artiste c'est pas quelque chose que tu dois te donner toi-même. C'est les autres qui doivent le dire. Je suis juste un type qui aime bien dessiner.

 

Alors tu es un illustrateur ?

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Oui, illustrateur peut-être mais pas artiste. Pour l'instant, c'est une grosse passion, ce vers quoi je vais me diriger. Je n'ai pas assez de projets et de compétences pour me qualifier comme ça.

 

Et si nous on dit que t'es un artiste ?

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Je préfères que tu dises illustrateur plutôt qu'artiste. J'ai suivi une formation arts appliqué pas arts plastiques, plus dans l'utile que la réflexion, par exemple un logo pour présenter quelque chose... c'est plus esthétique que conceptuel.

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Peux-tu nous en dire un peu plus sur les visuels de cette collab ? Et sur ces phrases ?

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Souvent, j'ai pas envie de faire un truc qui est en rapport avec quelque chose ou qui veut vraiment dire quelque chose. Pendant le processus de création ou après, quand j'ai terminé, j'essaye de penser à une phrase ou un mot. Quand je vois ça, ça me fait pense à ça...C'est pas forcément en rapport des fois, c'est juste une phrase que je trouve jolie.

 

Donc d'abord le visuel, puis la phrase qui va bien ?

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Oui, tout à fait. J'essaye pas trop d'expliquer, j'ai juste envie de créer quelque chose qui est agréable à regarder ou agréable à lire. Ça va être un peu prétentieux de dire ça mais c'est comme un poème.

 

Comme un haïku ?

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Oui c'est ça ! (rires) Une petite phrase...

« Le temps d'un sourire » c'est celle avec le serpent, c'est la première que j'ai fait. Ensuite, la deuxième c'est « Tout le monde s'amuse », celle avec la lance et l'araignée. Puis, « Sans délicatesse » c'est celle avec l'arbre. La dernière c'est « Sans importance », celle avec les flèches.

Les illustrations tu peux les associer ou pas avec la phrase et quand tu les associes tu vois vraiment ce que tu veux. Tu peux interpréter les flèches de différentes manières...

 

Pourquoi ces symboles ?

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Pour la plupart des illustrations que je fais, j'essaye de prendre des œuvres qui sont déjà créés, où il y a déjà des poses, des plis de vêtements, des décors. Je reprend ça, je dessine à peu près comme le peintre l'a fait. À partir de là soit je rajoute un élément, soit je l'enlève.C'est pas des trucs que je peux vraiment expliquer.

J'aime bien mêler des chose que tu associerais pas forcément entre elles, du coup ça crée une composition pas figée, qui donne à la regarder, à réfléchir. Il y a des références à ce que je vois, ce que j'aime bien. Par exemple, le serpent dans « Le temps d'un sourire » c'est parce qu'à ce moment là je travaillais sur le mythe d'Orphée. J'aimais bien cette image de serpent qui est là, qui arrive et tu ne sais pas vraiment si il va la mordre ou si il va continuer sa route. Enfin, je pense que tout le monde sait qu'il va la mordre. C'est des petites histoires que je raconte, des histoire avec une seule image.

Et pourquoi j'ai fait des femmes ? C'est pas des trucs engagés, j'avais juste envie de représenter quelque chose de beau. Quand j'étais petit je dessinais que des garçons tout le temps et mes parents m'ont dit « dessine autre chose »...

 

Donc tu as dessiné des filles ?

La femme c'est surtout que c'est élégant, quand je dessinais des hommes c'était plus carré, rajouter plus de courbe ou de mouvement je trouve que ça rend plus beau sur un dessin.

Et pourquoi elle est nue ? Pour cette collab j'ai fait juste des femmes nues mais si tu regardes ce que je fait d'habitude, elles ont toujours des vêtements. J'avais envie de faire de l'illustration scientifique, c'était pas mal de dessins de corps, de dessins anatomiques... Un corps c'est joli quand c'est nu. Après si tu montre trop de corps nus, le nu ça devient habituel et puis ça devient plus joli, t'as moins de plaisir à regarder.

 

En quoi tu trouves un intérêt à faire cette COLLAB ?

 

Déjà c'était avoir des dessins sérigraphiés, j'avais jamais eu l'occasion d'en avoir et ça c'était vraiment chouette ! C'était un ami qui m'avait parlé de Grand Écart, c'était à la période où vous faisiez les totes bags avant la première collab et ça m'avait plu.

L'intérêt c'était aussi de faire une collab avec des gens, je suis tout le temps tout seul derrière ma feuille ou mon écran et travailler avec des gens c'est bien. Et puis, se faire connaître, vous faire connaître aussi parce que c'est surtout par vous que ça passe... C'est quelque chose qui nous profite à tous les quatre. Je trouve que le principe est vraiment chouette, quand t'es étudiant ou jeune artiste t'as pas les moyens de te payer une sérigraphie ou d'imprimer tout simplement tes productions. Ça donne vraiment envie.

 

Un mot doux à dire au monde ?

Chantez.

 

Est-ce que tu sais faire le grand écart ?

Non, je suis pas hyper souple. Ah tiens j'ai une question aussi, pourquoi ça s'appelle grand écart ?

 

MERCI Slip de Bain

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